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      POEMES D’AMOUR

 

       Le temps décomposé

 

 

 

                         A Paul Eluard

  

Brume

 

 

Trois tours de valse
Dans la poitrine du vieux magicien,
Un violoncelle chante,
Le temps se dilate
Et le happe,

 

 

Il se retourne et regarde l’espace et le temps,
Les bras de chair blanche enveloppés d’un voile,
Il n’a pu percer le mur de son miroir.

 

Il est seul dans les herbes folles
Il ne voit plus la belle dont les yeux d’air vif
Chassait les nuages et irisait le ciel

Dans la nacre d’une après midi fraîche
Il marche dans l’eau frissonnante de la rivière
Et s’enfonce doucement dans la brume

Paul, il y a des jours ...

Ce vol d'étoiles et de lumière,
Qui secoue ma misère ...

 

Les plus beaux yeux du monde
Larmes d'émeraude
Mouillant un roman inachevé

 

Plus qu'un souffle
Une poussière d'ombre

 

Paul il y des jours

 

Où tout s'arrête

Le temps s'immobilise

 

Deux yeux éblouissants et chauds
Déambulent dans l’air parfumé
Le parfum d’un lilas violet
Comme un vertige soudain
Souvenir de sable d’améthyste collé sur un sein
Jeu d’un doigt dans l’eau
Quelques vaguelettes fatiguées

 

Le temps s’arrête
L’image de la belle éblouissante s’immobilise

 

Les doigts sur le piano

Mes doigts caressent le piano
Comme ils effleurent
Le bord de tes lèvres
Et je chante pour toi
Jusqu'au plus profond de la nuit.
Et dans l'intimité du silence
Maria s'illumine dans ma voix
Et prends les couleurs
Et les sonorités de ton nom.


J'entends ta voix
Qui fredonne encore
Son sublime murmure

Un frisson tout en rire

Des harmonies uniques

 

Et ces yeux noirs

Incrustés au plus profond du cœur.


Mais ton visage s'est troublé
Dans un miroir fermé.
Pourquoi ces chemins de désastres ?
Ce qui restait de lumière
A cédé à la tentation de l'ombre…

L’amour a cédé à l’insignifiance
A des complaisances aveugles
Pourquoi chercher des étoiles
Là où il n’y en a pas …

 

L'ombre du coeur

 

Ce chant dans ma tête
Né au plus profond du cœur
Des portes de l'aube
A l'étincelle de tes yeux
Alliance de diamant
Et d'espace infini

 

Comment oublier la belle,
Saphir flamboyant,
Qui marchait sur des rayons de soleil,
Qui glissait dans les herbes folles et odorantes,
Qui illuminait le ciel de mille étoiles filantes,
La belle amie, dont le sourire tendre
Comme une pêche,
Désaltérait même en plein hiver.

 

Et ce chant dans ma tête…
Ce chant qui hante le silence,
Qui vibre dans mon cœur
En harmonies chaudes
Et accords parfaits succédant
Aux arpèges complexes d'une œuvre inachevée,
D'où surgit la voix sublime d'une femme nostalgique,
Dans ses ressemblances et ses contraires ...
 

 

Et ce matin dans mon jardin ...
Ce matin où le monde change de couleur
Où le lit de la nature sous son drap vert
Souffle le désir,
La lumière,
Le goût sucré des fruits parfumés
Et un si tendre amour ...
 

 

Mais ce matin...


Ce matin
C'est le vent du nord qui répond
Sifflant et glacial,
Qui disperse
Comme du sable entre les doigts
Tout ce que j'ai cru sur baiser.
Doigts gelés sur les frontières d'un corps odorant
Archet vibrant sur un souvenir qui me perd.

 

Vagues de nuits et nuits vagues
Tes sourires m'envahissaient
Jusqu'aux ailes du matin
Nuits corrompues
Tes yeux immenses
Viraient au gris.

 

Je ne voulais que t'aimer
Mais je ne voyais dans tes yeux
Que l'ouragan de ma détresse
L'image de ton monde inconnu
Et désespérant.

 

Tu te servais de mots pour l'amour
Tu te servais de mots pour le désamour
Tu te servais de mots que tu jetais dans un univers
Que tu avais vidé.

 

Et tu me fascinais encore
Tout en te séparant de moi
Tout en me séparant de moi

 

Vivre aujourd'hui avec ces énigmes ?

 

Ton talent explosait les toiles
Les courbes de fusain
Crissaient en épines
Faisaient perdre la raison
Exultaient de génie
Sublime félicité

 

Mais c'est le banal et la misère
Qui ont noyé mon cœur d'ombre.
 

 

Le souvenir de ton rire

Lunettes égarées
Chambre échouée
Colorée de douleurs
Où je voyais en moi, toi de moi,

 

Un matin rugueux nourri de froid
Dans ma poitrine
Deux améthystes,
Feux brûlant
Dessinant sanguine
Des larmes,
Des joues glacées,
Gorge sèche de nuits brouillées.
 

 

Mes lèvres butaient sur tes mots désaccordés
Cœur battant
A perdre haleine
Souffle errant abandonné
Tombant de lit
Tant de cris,
Chants d’amour perdus
Déchirés
Oubliés
L’immobilité de tes seins
Mes mains touchaient la fin.

 

Couleurs incertaines
Noir et blanc,
Roman de gare,
L’eau d'un lac sans ses rides
Sans ses rires
Rires d’autre à chemise blanche
Dérisoire et déchirant
Noir et blanc
Batterie vide,
Message vocal perdu
Longitudes englouties
Cri dans le vide
Univers infernal.

 

Cœur meurtri sous meurtre du cœur
Roses d’acier bouquet inconnu
Eparpillé sur le drap de tôle.

 

Il fait froid cet automne
La neige dans le vent
Langueure mon corps,
Sueure mes paumes,
Liqueure de glace
Mon cou
Mes joues
Mes lèvres
Mes yeux

 

Ma vie

 

Ma mémoire…

 

Le souvenir de ton rire

M’éclabousse.

La main se referme

 

Les doigts sur le piano s'immobilisent
Dans la dernière vibration
De la dernière note ...

Et la main se referme ...

Emotion sublime
Emotion lourde
Emotion longue et traînante
Comme une vie qui s'arrête
Au bord du chemin
Une vie qui cesse doucement
Qui s'évanouit presque tranquillement...

 

S'endort une lune

 

L’équinoxe est revenu,
La belle n’est pas venue.
Un oiseau a beaucoup chanté,
Ses mélodies lumineuses se sont dissipées
Dans les brumes du soir.

 

Le corps un peu grelottant,
Il s’est endormi dans mon cœur fatigué,
Ce cœur qui avait chanté à plein poumon
Dans le feu du soleil

 

Mais voir sur ce chemin
Qui s’appelait
Le chemin de tous les vœux
Une lune s’éteindre
Au flanc de ton sourire.

 

Le temps d'un été

 

La flamme qui l’avait guidé n’était plus qu’une lueur,
Mais elle brûlait toujours.
La belle qui chevauchait les rayons de soleil
S’était enfouie dans son grand manteau de lune
Et s’était tournée vers l’orient
Pour attendre une nouvelle journée.

 C’était ce que se disait le vieil homme triste...

 Il imaginait chaque jour un tendre frisson la parcourir
Au posé d’un doigt sur une lèvre,
Marquant un délicieux silence
Gonflé d’harmonies fines et uniques.

 Il a voulu oublié le rêve,
Mais son visage a gardé la trace
D’un souffle merveilleux et inconnu
Qui lui chante
Que le temps d’un été,
Il avait eu vingt ans.

 

Le petit flacon

 

L’homme fatigué
Après avoir beaucoup rêvé et attendu,
Est allé s'évanouir loin derrière l'horizon,
Sur une mer calme et plate.
Rien qu'une toute petite brise
Pour s'éloigner discrètement.

Un petit flacon est venu effleurer sa main
Qui traînait,
Lasse,
A l'arrière du bateau.

Il n'a pas osé retirer le bouchon
Et lire les mots qui s'en échappaient.

Il en a bien rattrapé un ou deux,
Mais ils ont glissé entre ses doigts glacés.
Le passé s'est un peu ranimé devant ses yeux mi-clos,
Et le regret d'avoir chanté trop fort la fête qui l'habitait,
D'avoir trop désiré la femme
Qui illuminait ses songes
A inondé son cœur de larmes.

Ses lunettes posées près de lui,
L'homme s'est  endormi dans son carré,
Un feuillet froissé s'échappant de sa main,
Un feuillet vierge,
Qu’il ramassera demain.

 

Mais voir apparaître un soleil,
Puis dans le froid d'une larme ...
Une lune qui s’éteint. 

 

 

 

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