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      POEMES D’AMOUR

 

       Le temps des autres

 

 

 

                                                    

 

 

 

                   à Paul Eluard
                   à ceux qui ont traversé ma vie

Si un jour

 

Si un jour, avant, pendant ou après
Venait le souhait de me parler,
Pour tout ou rien,
Pour pas grand chose
Pour un sourire
Un éclat de rire
Un moment perdu
Un chat sur la fenêtre
Une aurore de premier janvier
Une éclipse de lune
La première gorgée d’un verre de bière
Pour te laver le visage au soleil
Pour attendre un matin
Pour traverser un miroir
Parler d’un livre qu’on n’a pas lu
Pour lutter contre l’injustice
Pour fleurir sa vie d’espoir
Pour éclairer un soir d’hiver
Pour un renseignement banal
Demander un numéro de téléphone
Pour essayer de comprendre le siècle rebelle
Évoquer la critique de la raison pure
Admirer la cathédrale de Strasbourg
Ou celle de Florence
Écouter les dernières chansons de Brel,
Pour tancer mon importunité,
Si tu le veux, tu peux sonner,
Ou ne jamais sonner
Et tout oublier et respirer,
Sans pour autant m’en vouloir
Car même avec ses défauts
Un ami reste un ami
 

 

Les années partagées

Tant d’années et d’amitié partagées,

Sans jamais qu’un sablier ne se tarisse,

Qu’une lune ne perde un de ses quartiers,

Amitié d’un présent arrêté.

 

Mes souvenirs ne portent

Ni passé, ni avenir,

Mais un présent immuable et glorieux,

Pierre incrustée dans un univers immense,

Un univers pur comme peut être pur un visage.

 

Il revient dans nos yeux brillants,

Des fous rires éclatants

Dans les rues de cette vieille ville lointaine,

Moquant le baroque agressif et majestueux,

Le ciel et l’enfer,

Savourant les jupes des femmes qui volaient

Quand elles n’étaient pas trop courtes,

Simple bonheur partagé,

Sous le soleil retrouvé d’une nation convalescente.

 

Rappelle-toi cette si jolie femme,

Dans cette brasserie issue de l’Histoire,

Qui peignait le monde de son regard vert et lumineux,

Presque cachée derrières d’immenses verres de bière brune

Et de petits verres d’alcool.

Attendait-elle un amant disparu,

Une vieille mère triste, un enfant lointain ?

 

Mais la chanson mélancolique sur les lèvres d’une étrangère !

 

Son temps qui passe tandis que le notre est arrêté,

Nostalgie ou bonheur ?

 

Tu serais bien allé lui prendre la main,

Mais elle est partie seule sans sortir de son destin.

 

Entre deux bières doctement goûtées, vite englouties,

Entre deux hilarités incontrôlées,

Nos réflexions se voulaient philosophiques,

Elles étaient euphoriques

Et parfumées d’ivresse,

Ivresse d’un monde qui nous appartenait,

Et le soir venu, nos sentences résonnaient

Comme des pas sur les trottoirs du vieux pont,

Marche implacable vers l’aube et le retour de la lumière,

A faire trembler les bâtisseurs d’une religion dévoyée mais triomphante.

 

Remontent aussi d’extraordinaires émotions,

En terre batave,

Avachis dans des cafés bruns,

Les yeux fascinés par les peintres flamands,

Et ces complicités varoises et ardéchoises,

Dans ces lieux où la raison se dépayse

Dans un air bleu comme du Gershwin.

 

Jamais très éloignées d’un majestueux breuvage,

Souvent blanc,

Nos spéculations gourmandes nous entraînaient

D’Agnès, la belle caviste du midi

A Bourdieu,

De la petite marchande de chapeau du marché du Vivarais,

Aux valeurs républicaines,

A la liberté absolue de conscience,

Avant de revenir très sérieusement sur l’art du tir à l’arc

À l’issue d’une partie de badminton,

 

Le bonheur des élucubrations vertigineuses.

 

A nouveau nous étions sur des chemins inoubliables,

Entre Condorcet et Levinas,

Le guide des vins de France,

Les chemisiers féminins flous et légers

Flottants sur des désirs de liberté,

Les yeux brillants et parfois moqueurs des passantes,

Les couteaux que nous aiguisions consciencieusement,

Laguiole contre couteau corse.

 

Il y avait toi et moi, nous étions deux, nous étions un,

 

Un phare, à jamais allumé dans une voûte étoilée.

Une trace de repos dans l’herbe grasse en bordure des acacias.

Rien n’y est pareil à soi, tout a d’autres limites,

 

Mais il y a l’essentiel,

L’espace des autres qui est notre langage,

Une pensée qui épouse les cadences

Qui invite à s’asseoir près d’une fontaine,

Où nos âmes dansent sur le chant des autres.

 

 

 

 

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